dimanche 14 juin 2009

Pilotes-Managers, une relation fraternelle?



Ce week-end, un fait divers est apparu dans les travées de Montmelo. Dani Amatrian, ancien mentor de Jorge Lorenzo a été en garde à vue après des menaces proférées contre son ancien poulain. Comment en est-on arrivé là? Beaucoup de pilotes ont un manager qui les amènent au plus haut niveau, mais la cohabitation est-elle possible pendant plus de 10 ans?
Revu de trois célèbres managers du paddock.


Alberto Puig: tout le paddock connaît son nom, et pourtant ce n'est pas pour son passé dans la catégorie reine (1 victoire en 1995 avant une chute mettant fin à sa carrière) mais plutôt en tant que manager de Dani Pedrosa. Le duo fait jaser le Continental Circus du fait du comportement du « manager » n'hésitant pas à pousser son pilote dans ses derniers retranchements.
Puig découvre en 1999 puis 2000 trois pilotes qui deviendront pas la suite les meilleurs de la catégorie reine: Dani Pedrosa, Toni Elias et Casey Stoner sans oublier Joan Olive.
Il permet aux quatre pilotes de découvrir la 125cc grâce à son équipe « Movistar Honda Junior Team ». Le succès arrive rapidement pour Elias et Pedrosa, un peu moins pour les deux autres qui ont rapidement « lâché » l'homme qui leur avait permis d'arriver dans la catégorie. Stoner trouvant refuge dans l'équipe LCR de Lucio Cecchinello ,grâce à l'aide de Puig qui ne pouvait pas accueillir l'australien dans son équipe. L'homme de fer commençait à sévir dans le paddock. Rapidement, Pedrosa devient « Titanium » pour une grande partie des experts de la Moto du fait de son sourire aussi figé que la matière. Le caractère du jockey de Sabadell énerve ainsi que son manager omnipotent, omniprésent envers son pilote fétiche, n'hésitant pas à protester contre les pilotes un peu trop virulent envers le numéro 26, critiquant la Honda ou les pneus mis à sa disposition. Le jeune catalan ne disant rien de peur d'être lâché par son manager à qui il doit tout.
« Dani n'est pas un pilote “normal”. Il est très fort, aussi bien par le talent que le mental, plus fort encore qu'on l'imagine, il est le premier avec lequel je travaille vraiment. Nous avons créé notre propre système, spécial, secret. Dans nos têtes, nos connexions sont très fortes. Une fois qu'ils atteignent un certain niveau, ça devient un travail sérieux, une guerre totale. La vie c'est la guerre. Je ne crois pas à ces organisations pacifistes, des conneries tout ça. La vie est un combat. » voilà les paroles de l'homme tant contesté sur son pilote.
Pedrosa devient rapidement la bête de course de Puig courant même lorsque les blessures et la raison l'emportait. Une grosse chute lors des essais du GP du Japon 2005 donne le bilan d'une fracture de la clavicule; problème Dani alors en tête du championnat du monde ne peut se permettre de rater un rendez vous crucial pour le titre mondial. Rien ne sera dit de la part du pilote, se battant pour terminer la saison et remporter son second titre consécutif dans la catégorie. 2007, GP de Malaisie, Pedrosa ne tient pas debout après une blessure au genou, doit se déplacer avec des béquilles, être aider pour descendre de sa moto: Alberto le pousse sur la moto pour ne pas rater cette course, résultat, Pedro termine 3ème. Commentaire du manager « Je voulais qu'il dispute la course malgré sa blessure, pas lui. Je l'ai poussé. C'est mon travail de le pousser en dehors de la piste » . Cela montre le caractère du papa poule.
La plus grosse polémique arrive lors du GP du Portugal 2006 avec la célèbre bévue de Pedrosa sur son coéquipier Hayden jouant le titre de champion du monde face à Rossi. Pedrosa ne s'exprime pas sur cette action et Puig, lui, donne son point de vue « Dani avait encore une petite chance d'être champion du monde (46 points de retard sur Hayden alors qu'il ne restait que 2 GP), il devait tenter le tout pour le tout, il n'y a pas de course d'équipe dans ces cas là ».
Malgré tout, le duo Puig-Pedrosa est ce qu'il se fait de mieux dans le monde de la moto. Souvent contesté mais triple champion du monde. Elias est aussi arrivé en MotoGP mais ne brille pas autant que son compatriote et n'a que 8 victoire contre 29 pour Dani. Joan Olive le second à avoir laisser tombé Puig est en 125cc après une carrière mouvementé entre 125cc et 250cc ne trouvant jamais d'équipes compétitive (7 podiums en 7 saisons). Stoner quant à lui a eu plus de chance grâce en partie à Lucio Cecchinello l'accompagnant une grande partie de sa carrière avant son envol pour Ducati.

Côté français, un duo à aussi fait parler de lui ces dernières années: Randy de Puniet - Eric Mahé
Mahé ancien pilote est manager de Randy depuis maintenant 9 ans. Lui non plus n'est pas l'homme le plus aimé du paddock après des déclarations assez explicites en n'hésitant pas à dire ce qu'il pense.
Mahé, pilote du championnat de France voit sa carrière menacée après une grave chute en 1997 ainsi qu'un drame familial. Pilote officiel Suzuki par la suite il met fin à sa carrière en 2000.
Il voit en Randy un talent certain et pense que le management de l'équipe de France dans lequel court le jeune pilote de 19 ans ne lui convient pas. Fin de la saison 2000, Randy apprend son licenciement de l'équipe managé par Jean Claude Besse. Mahé propose son aide au pilote et arrive à convaincre Besse de reprendre Randy pour 2001. Une collaboration est ainsi né.
Mahé devient d'abord conseiller technique puis responsable du chassis lors de la saison 2003 dans le team LCR. Les premiers podiums arrivent ainsi que les premières victoires. Il gère aussi ce qui est business et négocie les contrats de son pilote (Shark, Wearing...) arrivant à obtenir une moto d'usine de la part d'Aprilia pour la saison 2003 malgré le fait que personne dans le paddock ne voulait aider les deux français quasiment inconnu.
Changement lors de la saison 2005: Randy devient pilote numéro un Aprilia dans le team d'Aspar Martinez et Mahé n'est pas bien vu par l'espagnol. La saison du français sera médiocre avec de nombreuses chutes et une relation loin d'être optimale avec le team. Mahé revient pour le GP de Donington en imposant à Aspar le retour du chassis 2004 sur la moto du français. Le résultat ne se fait pas attendre avec la victoire dès le dimanche.
Lors de la saison 2007, la saison de Randy commence mal avec de nombreuses chutes ainsi que des pressions mise de la part de son team Kawasaki. Le pilote, libre en fin de saison, n'est pas sur d'être renouvelé et Eric doit tout faire pour trouver d'autres portes de sortie si Kawasaki ne renouvelle pas le contrat. Bien lui en a pris après un été mouvementé de la part de l'équipe verte qui préfère prendre Hopkins et West pour 2008, Randy signe pour deux saisons pour l'équipe LCR, équipe lui ayant permis de remporter ses 4 premières victoires en championnat du monde.
2005 marque aussi le début de la collaboration avec Jules Cluzel, alors jeune pilote du championnat de France. Eric n'hésite pas à mettre plusieurs milliers d' Euros de sa poche pour que le jeune français puisse trouver une moto compétitive. Malgré des résultats en dents de scie, Cluzel ne ratera aucune saison, son manager lui trouvant toujours un team pour la saison future. Cette saison semble enfin être la bonne pour le jeune Montluçonnais avec son premier podium en 250cc lors du GP du Qatar ainsi que ses top 10.

Pour finir parlons de l'homme qui m'a donné l'envie d'écrire cet article: Dani Amatrian

Jorge Lorenzo comme Pedrosa et De Puniet doit une grande chandelle à son ex manager. Il permet ainsi à Jorge d'arriver dans la catégorie 125cc en 2002 dans l'équipe Derbi puis de passer successivement en 250cc et MotoGP. Dès sa première saison il n'hésite pas à prendre l'ancien numéro de son mentor: le 48.
Dès 2003, les beaux résultats s'enchainent avec 1 victoire et 2 podiums, malgré tout Jorge est toujours aussi inconstant avec de nombreuses chutes. 2004 sera proche de la consécration pour Lorenzo avec sa deuxième place finale derrière Dovizioso.
En 2005, Lorenzo monte en 250cc accompagné de Amatrian qui devient par la même occasion team manager de l'équipe Fortuna Honda. Le coéquipier de Lorenzo est un autre espagnol au sang chaud, Hecotr Barbera. Premier accroc avec l'ambiance au sein de son équipe. Les deux espagnols ne s'apprécient guère et les conflits arrivent rapidement. Amatrian malgré son statu de patron d'équipe prend position pour Lorenzo et un mur sépare par la suite le box de l'équipe dès 2006. Lorenzo sera ensuite double champion du monde en 2006 et 2007 avec Amatrian comme team-manager. Il aide et négocie le contrat de Lorenzo pour son arrivée en MotoGP pour la saison 2008 et permet au Majorquin d'arriver directement dans l'équipe phare Fiat-Yamaha. Il laisse ainsi son équipe pour s'occuper à 100% de Lorenzo. 2008 sera contrasté pour Jorge avec de nombreuse chutes et blessures malgré un début de championnat exceptionnel.
Arrive la fin de la saison 2008 et le clash entre les deux hommes pour des raisons indéterminées, Lorenzo voulant à priori plus de liberté, il abandonne alors son numéro 48 pour le 99.
Amatrian est aussi manager du jeune Pol Espargaro mais la aussi la collaboration ne dure pas. Arrive ensuite l'hiver 2009 avec les menaces proférées par le manager envers ses ex-pilotes puis sa garde à vu de la semaine dernière...


Voilà pour les différentes façons de managé de trois personnes reconnus dans le paddock et ayant réussi malgré les différences à emmener leur pilote dans la catégorie reine. Rien n'était facile pour eux au départ mais avec de la volonté, on voit que la réussite arrive à un moment ou à un autre.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Bien écrit, et très agréable à lire.
    Juste une remarque,sur Puig/Pedrosa et la course de Sepang. Ce n'est pas Puig qui a obligé Pedrosa à rouler, mais Pedrosa qui en a pris la décision contre l'avis de Puig et de Costa.

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